ECHOS…
MALKUT
Elle se mit à danser pour moi,
sensuelle,
câline,
aussi cruelle que l’aube pour l’être sans sommeil
que le vin pour l’alcoolique.
Je suivais ses pas dans une spirale sans fin,
ce mouvement sublime qui mène aux abîmes de la passion.
Elle m’entraînait dans une course effrénée; en rampant je la suivais.
Ses pieds nus frappaient le sol pour réveiller l’enfer et faire s’effondrer le ciel.
Je sentais les vibrations chthoniennes sur mes écailles.
Elle me charmait et violentait mon âme.
Dans un dernier pas de danse je me suis lové autour d’elle et je l’ai étouffé dans mes anneaux phalliques.
Ses os broyés par ma constriction ont recouvert ses cris d’amour.
J’ai cherché ma vie à travers ses dernières larmes mais n’y ai trouvé que mes souffrances.
Elle n’était qu’Ève et moi j’étais le serpent.
YESOD
Elle s’approcha de moi telle une sainte offerte aux hommes.
Elle s’approcha de moi pour m’offrir son infinie compassion.
Chacun de ses gestes était une caresse sur ma fourrure imbibée de sang.
Ses baisers étaient une ordalie pour mon âme tandis que ses regards me plongeaient dans une contemplation mélancolique.
Elle subvenait à tous mes besoins et moi je restais assis devant elle.
Elle s’approchait de moi tandis que je la dévorais.
J’ai mordu la main tendue vers ma détresse et déchiré le sein nourricier.
Elle s’approchait de moi tandis que je dévorais ses entrailles.
Je fis de ses lèvres ensanglantées un graal lithique pour oublier ma peine,
mais au fond de ce calice je ne trouvais nulle sagesse pour soulager ma déraison.
Elle n’était que la bergère et moi j’étais le loup.
NETZACH
Elle se soumit à moi,
A genoux,
Me suppliant d’accepter sa perfection,
M’offrant en gage de dévotion le sarcophage des hommes.
Je pris de ses mains son présent maudit et l’écrasais sur son doux visage.
Je l’ai jeté au sol et de mes mains j’ai ouvert son ventre fécond
Pour y découvrir la source de tous nos mots.
Je libérais ses entrailles comme autant d’esprits malins.
J’étais avide de la faire accoucher de ce cri primal,
Du verbe créateur de toute vie,
Mais je n’ai entendu que le silence.
Elle n’était que pandore, et moi j’étais l’absence d’espoir.
HOD
Elle se fit voir de moi, nimbée par sa seule nudité,
offerte aux regard de tous ses priants,
affolants les fols espoirs, se cachant parfois entre des nuées opalines.
Elle était une catin farouche à demi offerte aux êtres de foi.
Elle se fit voir de moi,
mais moi j’en voulais plus.
Je déchirais sa peau pour voir au-delà de la vérité.
Je voulais voir le cœur des chimères et me recouvrir de ce manteau diaphane,
le sentir battre sur ma peau telle une armure infernale.
Je me travestissais avec ses songes mais ne ressemblait à aucun astre.
Elle n’était que la lune et moi j’étais le cauchemar.
TIPHERET
Elle vint à moi dans un souffle de glace.
Elle vint de nos terreurs les plus profondes pour m’apporter la paix.
Elle vint vêtue de mon linceul, voile sinistre sur son visage.
Elle caressait mes membres,
les engourdissait,
les rigidifiait,
plongeait ses griffes dans mon âme pour y chercher mon ultime volonté.
Tandis qu’elle pénétrait mes pensées j’ouvrais sa toge et pénétrais son squelette. Elle vint à moi alors je vins en elle.
Ma vie s’écoulant en son sein la mettait au supplice.
Je la détruisais pour trouver l’éternité.
Hélas au lieu de ça je ne trouvais que le néant.
Elle n’était que la mort. J’étais le dévoreur de toute vie.
CHESED
Elle me suppliait de venir la chercher,
diffusant sur le monde jusqu’à mes oreilles ses suppliques.
Traînant les cercueils de mes maîtresses je descendis en Hadès vers celle qui m’avait appelé.
Elle était enchaînée sur des rochers de métal blessant ses chairs mises à nues ;
par des chaînes de foutre,
de sang
et de larmes.
Lascive, elle me suppliait de la délivrer pour être mienne à jamais.
Je la libérais de ses fardeaux pour mieux la livrer à cerbère.
Tandis qu’il la dévorait, je buvais l’eau du styx.
Ce ne fut que lorsqu’il ne restait plus d’elle que ses os que je quittais le monde des morts.
Elle n’était qu’Eurydice, j’étais la révélation orphique.
GEBURAH
Tu apparus.
Je t’ai reconnu enfin,
toi pour qui j’ai piétiné le corps de Dieu,
toi pour qui j’ai arpenté son chemin de cendres pour mieux l’embraser,
toi dont la voix était un phare que j’ai suivi telle une phalène.
Mon chant du cygne faisait écho à ton chant de sirène…
ma sirène…
ma muse…
Toi et toi seule que je suis né pour dévorer.
CHOKMAH
Alors ne pleure pas
car je ne t’ai pas encore fait tout le mal que tu désires.
Ne gémis pas.
Tes lèvres gonflées d’émotion ne m’ont pas encore assez suppliées.
Ne souris pas.
Je n’ai pas encore vu la putain en toi se prélasser telle une sainte sous les caresses des pénitents,
tout comme je désire contempler la sainte en toi se lamenter de ne plus être une putain.
DAATH
Tu es apparue à moi et je te dévorerais.
Ils sont fait à Son Image
mais nous,
nous sommes fait à leur image.
Nous ne sommes que des anthropomorphes.
Nous sommes ce qu’ils n’osent être.
Nous sommes ce qu’ils ne peuvent être.
Sous les peaux dont nous nous parons se cache leur vérité.
KETHER
Je suis apparu à toi et tu me dévoreras dans une communion impie.
Il temps pour nous d’ôter ses oripeaux d’humains
Pour nous rendre sur cette ile où les rois se reposent.
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