Dis, c'est quoi une liche?

« Le café des Liches« , un titre qui peut rendre dubitatif à bien des égards. Pour ceux qui ignorent  ce que c’est, petit cours: une liche est une créature née de l’imagination d’auteurs d’héroïc-fantasy, un genre littéraire et/ou ludique. On les retrouve régulièrement dans les jeux de rôles et dans les romans gravitant autour de cet univers.  Il s’agit de sorciers ayant dépassé la mort mais ayant perdu leur humanité. De ceci, ils gardent une apparence généralement cadavérique. En gros ce sont des zombies ayant gardé leur intelligence avec en plus des super-pouvoirs-de-super-sorciers-qui tuent-tout. On est loin de Romero. Pourquoi une créature aussi laide pour décrire un forum?

Liche By originally an author in Wesnoth community, the file in commons uploaded by user APGiberti (variation of a file already existing in Commons) [CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons
Il était une fois, une nouvelle que j’avais commencé, puis recommencé,  abandonné, pour la recommencer de nouveau. Fidèles lecteurs, vous avez bien sur reconnu « Bienvenue au Café des Liches« . Je pose, dans cette nouvelle, une pierre supplémentaire dans la chronique de l’île-où-les-rois-se-reposent. Au vu de l’ambiance, ce nom m’est apparu comme une évidence, tout comme il m’était évident que le forum de l’Orpheo Mundi se nomme ainsi. Je vous expliquais tantôt pourquoi j’avais choisi ce nom pour ce blog, ce rapport aux arts au delà de la mort. Chaque convive de ce petit Café apporte avec lui une parole éternelle surpassant les difficultés de la vie. A vrai dire, j’ai beaucoup de mal à parler de forum pour parler du Café des Liches. Dans ce terme, la connotation des kikoolol est trop forte. Je voulais, moi, un lieu de convivialité semblable à un café concert où un café philosophique où chacun pourrait s’installer un moment autour d’un godet virtuel. Les liches peuvent un instant oublier tout en affirmant à la fois leur condition.

The Three Ages of Man and Death par Hans Baldung [Public domain], via Wikimedia Commons
The Three Ages of Man and Death par Hans Baldung [Public domain], via Wikimedia Commons
Concernant « Bienvenue au café des Liches« , c’est une nouvelle qui me tient particulièrement à coeur. Au départ, il ne s’agissait que des monologues de l’assassin. En parallèle, j’avais la vision baroque d’un Café dantesque ouvert aux âmes perdues de l’île-où-les-rois-se-reposent. Vous avez remarqué que j’ai lié les deux. En réalité, j’ai également intégré un personnage issu d’une prochaine nouvelle. Petit jeu au  passage, saurez-vous deviner lequel? Ce ne sont pas ces éléments ci qui me rendent si important cet écrit par rapport aux autres. Il s’agit plutôt du quatrième élément que j’ai intégré (il n’y en a pas d’autres, promis) Il s’agit de l’histoire de Caïn. Il y a quelques années, j’avais écrit un roman, « le testament de Caïn ». Une fois terminé, je l’ai détruit, brûlé les feuilles, effacé le contenu du disque dur. Je ne voulais plus de Caïn, je ne voulais plus de ce que j’avais appris sur moi en écrivant sur mes Abels et Caïn modernes. Je ne vivais plus qu’à travers mes personnages. Je haïssais l’image qu’ils me renvoyaient. Cétait eux ou moi. Trop tôt? Trop immature? Suite à cela je n’ai pas osé écrire pendant quelques années, j’étais frappé par une phobie littéraire. Je ne ré-écrirais sans doute jamais ce roman, mais je suis heureux d’avoir pu le faire vivre un peu dans ce conte macabre.

Passons un peu sur mes aspects névrotiques ou une quelconque thématique doloriste. Je porte également une tendresse particulière pour « Bienvenue au Café des Liches » car j’ai la sensation d’avoir débloqué quelque chose, d’avoir levé certains tabous stylistiques. Je me suis senti libre, sans me demander si j’écris pour moi, pour les autres ou pour être édité. J’ai écris, tout simplement. Ne croyez pas que je me lance des fleurs en écrivant ceci; je suis conscient des failles. C’est aussi pour cela que je le chéris particulièrement: parce que je me suis retrouvé confronté à mes limites, je les visualise à chaque fois que je repasse dessus. C’est étrange, non, d’être heureux dans ses limitations? Disons que cette nouvelle m’a rappelé ce que je sais faire et ce que je ne sais pas faire; ce que j’aime écrire ou non. Et j’aime mes limites, car elles me montrent d’une part le chemin qu’il me reste à parcourir avant d’atteindre ne serait-ce qu’une once du talent des écrivains que j’adore; et d’autre part, elles me décomplexent par rapport à eux. Pourquoi? Parce que je suis un orgueilleux! Je me mets à genoux devant les grandes oeuvres, mais je me suis longtemps trouvé ridicule d’avoir la prétention d’écrire. Je suis à des éons d’un Baudelaire, d’un Hugo ou d’un Lautréamont. Ce foutu orgueil pouvait par moment me paralyser, car à quoi bon écrire si c’est pour n’être qu’un microbe indigne? Mais au final, même une liche ayant un pied dans la vie et l’autre dans la mort à le droit de rêver aussi, non? Je ne serai jamais un grand écrivain, mais d’avoir réalisé ceci m’a libéré.

Je me suis encore écarté du sujet initial, mais tant qu’à faire, je vais vous confesser comment j’aimerais passer mes vieux jours: l’idéal serait que je puisse ouvrir un établissement, un petit café permettant de découvrir des artistes de tout horizon. Vous avez deviné le nom que je lui donnerais….

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