Olive Et Tom
Olive Et Tom :
En avant, il faut foncer droit au but
Deux mi-temps et quatre-vingt dix minutes
C’est assez pour rassembler nos espoirs
Et pour forcer la victoire
La victoire
Quand on a le ballon au bout du pied
Quand on a trouvé le bon équipier
Une passe, un crochet et on a marqué
Olive et Tom
Ils sont toujours en forme
Tom Olivier
Sont super entraînés
Tom Olivier
Ils sont venus pour gagner
Olive et Tom
Ils sont toujours en forme
Tom Olivier
Sont super entraînés
Tom Olivier
Ils sont venus pour gagner
Car il faut battre le goal
Dans les buts, à l’arrière ou à l’avant
Entraineur ou remplaçant sur le banc
On est tous unis et il faut y croire
Pour remporter la victoire
La victoire
Et avec n’importe quel numéro
On est fier de jouer pour le maillot
De son club, de sa ville ou de son pays
Olive et Tom
Ils sont toujours en forme
Tom Olivier
Sont super entraînés
Tom Olivier
Ils sont venus pour gagner
Olive et Tom
Ils sont toujours en forme
Tom Olivier
Sont super entraînés
Tom Olivier
Ils sont venus pour gagner
Car il faut battre le goal
Olive et Tom
Olive et Tom
Olive et Tom
Olive et Tom
Ils sont toujours en forme
Tom Olivier
Sont super entrainés
Olive et Tom
Ils sont venus pour gagner
Mon commentaire, dans la perspective heideggérienne :
– Note : le dasein est le concept-clé de la philosophie heideggérienne. La traduction en est impossible (Sartre a proposé diverses choses telles l’Etre – le –Là, L’être-Le-là…), mais en allemand da = là, sein = être.
– Cependant, pour les néophytes, il suffira de garder en tête que le dasein est une forme de substantifique moelle de l’être humain, quelque chose comme le fondement et la cause-conséquence de l’essence essentielle de l’homme.
Dessin animé phare de notre génération (pour celles et ceux qui pourraient me comprendre), Olive et Tom nous a tous enchantés par ses différentes facettes. Du terrain interminable, au ballon défiant toutes les lois de l’univers, cette animation enchanta des milliers d’enfants. Mais ce que recèle au plus profond de sa substantifique moelle ce divertissement, c’est la mise en scène d’un dasein inauthentique, perdu avec plaisir dans le monde.
Ainsi, le générique en tant qu’il incarne l’essence de son objet nous permet de saisir cela avec une évidence éblouissante. Nous analyserons donc ce texte du point de vue heideggérien afin de montrer en quoi c’est bien du dasein inauthentique qu’il s’agit. Dans un premier temps, nous montrerons le dévalement du dasein dans le monde (paragraphe 1), puis, nous analyserons le dasein inauthentique dans son rapport au monde (paragraphe 2), pour enfin montrer que le dasein inauthentique n’a pas d’identité propre (paragraphe 3).
Avant toute chose, et parce que sa nature nous l’impose, il nous faut analyser en premier lieu le refrain qui reprend point par point les thèses exprimées dans les paragraphes.
‘Olive et Tom’ : l’énonciation du prénom fait référence à l identité du dasein dans le monde, le prénom étant, comme chacun sait, ce qui individualise le dasein.
‘Ils sont toujours en forme’ : fait référence à l’aveuglement du dasein inauthentique, plongé dans son corps, il se rend aveugle à la réalité douloureuse de sa vérité, la sagesse populaire dirait : ‘heureux le simples d’esprit’.
‘Sont super entraînés’ : le dasein inauthentique est dans son corps comme un matelot en son navire. Il ne s’incarne pas, mais en recherche la performance. Le dasein n’est alors pas incarné, mais incorporé dans un corps-objet technique.
‘Ils sont venus pour gagner’ : la thématique de la victoire fait évidemment référence à la problématique du conflit, voire de la guerre. C’est dans l’affrontement que le dasein inauthentique prend sa place et pense pouvoir s’épanouir. La variante ‘Car il faut battre le goal’ précise davantage cela : c’est contre l’ennemi que le dasein inauthentique peut se montrer lui-même, c’est même au-delà, son intentionnalité propre. Par ailleurs, la figure du goal pourrait symboliser le dasein authentique qui ne laisse pas le monde (le ballon) pénétrer dans sa sphère. Ainsi, battre le goal serait pour le dasein inauthentique, vouloir faire taire le dasein authentique.
Enfin, la litanie ‘Olive et Tom’ et sa variante ‘Tom Olivier’ fait écho à l’absence d’identité propre du dasein, puisque les prénoms semblent n’avoir aucune importance.
I – Le dévalement du dasein dans le monde
Le texte s’ouvre sur l’idée essentielle de ce paragraphe : le dévalement dans le monde. ‘En avant, il faut foncer droit au but’ est l’hymne du dasein qui se laisse porter par le monde, et par l’action. Sans regard en arrière, ni perspective globale, il avance coute que coute.
‘Deux mi-temps et quatre-vingt dix minutes’ : la référence évidente au découpage temporel classique place la temporalité inauthentique du dasein. Cette idée est doublée par le fait que nous savons qu’il s’agit, de plus, d’un temps artificiel, puisque défini arbitrairement pour le jeu. Bref, il s’agit ici de placer le dasein dans la perspective du dévalement, perspective qui du point de vue du temps prend la forme du ‘on décède’ (Etre et Temps : le dasein inauthentique dit on décède, le dasein authentique dit je meurs, ce qui d’ailleurs, ne peut jamais être dit).
‘C’est assez pour rassembler nos espoirs’ : il s’agit ici de la socialisation propre au dasein. C’est dans la collectivité que le dasein dévale au mieux dans le monde, dans la collectivité avec les autres dasein inauthentiques.
‘Et pour forcer la victoire, la victoire’ : paradigme de l’inauthenticité du dasein qui veut rester dans la maitrise du monde au lieu d’accepter son destin. La victoire fait référence à la thématique du combat, à comprendre comme l’écho de l’authenticité du dasein au sein même de son inauthenticité.
II – Le dasein dans son rapport inauthentique au monde
‘Quand on a le ballon au bout du pied’ : le ballon en tant qu’objet fabriqué par l’homme, est la manifestation du technique, c’est l’instrument du dasein pour pénétrer le monde. Le bout du pied fait écho au Moi-peau d’Anzieu, le corps dans sa frontière propre au monde. Ainsi, du bout de pied et via le ballon, le dasein pense être dans le monde. Il s’agit essentiellement pour le dasein de faire un avec le monde.
‘Quand on a trouvé le bon équipier’ : le dasein inauthentique place la possibilité de sa victoire dans sa collaboration avec l’autre. Il pense que c’est dans l’autre que réside sa vérité (puisque sa vérité, c’est la victoire), et par conséquent, la vérité de son rapport au monde. Faut-il préciser que pour la dasein la vérité de son rapport au monde réside dans son authenticité, et faire le parallèle avec l’inquiétante étrangeté de Freud ?!!
‘Une passe, un crochet et on a marqué’ : le dasein inauthentique se pense réel quand, plongé dans la collectivité, il met en place une stratégie d’évitement de l’Autre. Sans doute parce que l’Autre, dans sa radicalité d’adversaire, lui signifie son inauthenticité.
III – Le dasein inauthentique n’a pas d’identité propre
‘Dans les buts, à l’arrière ou à l’avant’ : apparaît ici, après la dimension temporelle, la dimension spatiale du dasein inauthentique. Cette spatialisation est organisée autour des buts, il est ainsi facile de comprendre que le corps du dasein se repère dans le monde grâce aux repères du monde (alors que le dasein authentique parce qu’il est incarné se repère dans le monde grâce à sa chair).
‘Entraîneur ou remplaçants sur le banc’ : peu importe la qualification du dasein, au fond, en tant qu’il est inauthentique, il n’a pas de qualification propre. C’est la première étape qui montre l’absence d’identité propre du dasein.
‘On est tous uni et il faut y croire’ : de nouveau, le dasein dans la collectivité. Mais cette fois, c’est pour se donner la dimension de la foi. Pour résumer, on pourrait dire qu’à plusieurs, on se ment mieux. La mention de la foi (croire) met en évidence de façon extrêmement claire qu’il s’agit bien du dasein inauthentique. En effet, le dasein authentique ne se donne que la raison, et pas la foi en collectivité.
‘Pour remporter la victoire, la victoire’ : de nouveau la victoire, comme leitmotiv du dasein dévalant dans le monde dans son inauthenticité.
‘Et avec n’importe quel numéro’ : il est fait référence ici à l’absence d’identité propre du dasein, cela est évident !
‘On est fier de jouer pour le maillot’ : le dasein inauthentique est narcissique, c’est la fierté et non la justesse qui le guide. Cet amour inauthentique de soi est souligné par la référence au maillot, en tant qu’il cache l’inauthentique du corps au monde (le maillot est un objet technique, crée par l’homme, qui vise à cacher).
‘De son club, de sa ville ou de son pays’ : peu importe le club, la ville ou le pays, il s’agit toujours de collectif sans identité propre dans laquelle le dasein peu perdre son identité propre.
Il semble maintenant plus qu’évident que le générique d’Olive et Tom souligne l’inauthenticité du dasein, d’abord en circonstanciant le dasein dans le dévalement du monde, puis en plaçant le dasein dans son rapport au monde, notamment à travers la collectivité et la temporalité, et enfin, en soulignant l’absence d’identité propre du dasein inauthentique.
Trop facile !
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