Shortbus
Voici un film qui me tient à cœur : « Shortbus ». Avant tout, je dois prévenir ceux qui voudraient le voir qu’il s’adresse à un public adulte, ce film bien que n’étant pas pornographique montre des scènes d’actes sexuels non-simulés. Si vous le permettez, je reviendrai sur cet aspect ultérieurement.
« Shortbus », des vies trop courtes dans un temps trop court, c’est ce que je retiens de ce film de John cameron Mitchell. « Shortbus », c’est le nom d’un bar underground où se retrouvent les gens de tout bord en quête de chairs et d’âmes. Ce film présente des personnages de prime abord excentriques mais tellement humains dans leur banalité : une sexologue qui n’a jamais connu le plaisir, une maitresse dominatrice qui se rêve artiste et humaine, un ancien prostitué dont le couple est adulé par la communauté gay mais qui en secret filme en permanence sa vie qui le détruit, son petit ami qui ne voit rien si ce n’est qu’il va le perdre, un voyeur que ses émotions paralysent etc. Tous se retrouvent dans ce bar, se croisent, se mêlent, baisent, découvrent mais s’ignorent jusqu’à ce que petit à petit les illusions réconfortantes explosent. Depuis longtemps je n’avais pas autant ri devant un film. Depuis longtemps je n’avais pas versé ma larme devant un film. J’ai été particulièrement marqué par cette scène où un vieil homosexuel tente de draguer un petit jeune en sachant que ce serait vain. Il lui parle, se confie, parle des difficultés d’être gay à l’age où il pouvait séduire, d’être tout simplement soi à son époque ; le petit gars l’écoute en souriant, fasciné par les mots et la franchise de son ainé, et on espère avec ce vieillard jusqu’à ce que le temps reprenne son cours. Il a passé la date de péremption, le jeunot le laisse en plan dès qu’il aperçoit un mec bien gaulé. C’est ça le Shortbus, un lieu où, si on peut chuter, on a le droit de rêver et d’espérer. La chute est plus douce lorsque que l’on peut contempler le ciel en tombant.
En ce qui concerne les scènes crues non-simulées, je vais me permettre d’éluder le débat sur l’intérêt ou non de telle ou telle scène : cela se termine généralement par un « tant que ça correspond ou scénario » « tant que ce n’est pas gratuit » d’un côté et « ce n’est que de la pornographie déguisée » de l’autre. Libéralisme sociale et loi morale ne représentent rien pour moi. Je me vais me contenter de dire ce que j’ai vu à travers les chairs en gros plan : qu’ils s’éclatent ou s’ennuient, tous les personnages sont finalement bridés par leur corps et leurs sexualités. Ce ne sont que des barrières qui les séparent des autres et d’eux même. En substituant la fusion des âmes à la fusion des corps au lieu d »entretenir les deux, ils n’ont fait que que projeter leurs barrières de chair respectives les unes contre les autres sans que jamais leurs âmes ne se rencontrent. Ils tentent de nouvelles expériences sans jamais essayer la plus difficile : et si on parlait ? N’est ce pas ce que beaucoup d’entre nous avons ou avons eu à un moment donné tendance à faire ? Ils sont jeunes et beaux mais à l’intérieur ce sont des gueules cassées.
En tout cas, si demain je devais boire un coup à l’endroit de mon choix, j’irais au Shortbus, le temple des âmes perdues où chacun à le droit de se défouler, de rêver, de s’aimer et d’être heureux pendant qu’une femme transgenre joyeusement dépressive, interprété par Justin Vivian Bond, chante une chanson d’espoir.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter de fiche de « Shortbus sur allociné »
Carpe Diem
Carpe Noctem
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