Qu'est-ce qu'un écrivain ?
Si la fonction prime autant dans les rapports inter-humains, c’est qu’elle est censée déterminer le type d’individu que vous êtes, que vous avez souhaité devenir et/ou ce que la société vous a seulement permis d’incarner.
Cet axiome influence quasi-irrémédiablement le reste de la relation -éphémère mais Ô combien édifiante- avec le prochain, l’autre. Le pourquoi se situe dans cette obligation qu’il nous faut sans cesse se jauger quant à celui qui nous fait face ; et quoi de plus facile, la médiocrité affichant tous ses apparats dans la délectable moiteur de la commodité, qu’utiliser cet attelage de critères frelatés représentant notre position sur l’échiquier biaisé qu’est notre société.
Alors nous nous laissons aller soit à l’enthousiasme si notre situation nous convient, implacable preuve de la turgescente et précoce scabreuse sénilité façonnant 90% de nos congénères ; la sobriété, si par miracle un pourcentage même infime de pudeur entre dans l’alchimie des susdits congénères ; ou, enfin, l’amertume, si le cloisonnement sociétale vous a fait son prisonnier.
Je parle bien ici de cloisonnement sociétal et non pas social, ce dernier précepte ne survivant pas à nos années post-modernes -ou à notre propre sélection de valeurs, qui est, par définition, subjective- où le bruit et la fureur de la masse (nous nous passerons de l’odeur vomitive à souhait des néons slims gominés à crête) écrase la moindre virevolte, le plus insignifiant feu-follet de génie sous le poids de sa propre crasse. Un fameux imposteur à la langue bien pendue avait cru deviner avant que l’on accepte enfin que la matière noire n’habilitait (ré-habilitait?) rien d’autre que le néant, que l’énergie égalait la masse donnée par le carré de la vitesse lumière. A nouveau tort, la masse obscure et obscurantiste au sein de laquelle se meuvent et s’entrelacent d’une abjecte volupté toute indolente, stupide, mais si loin d’être innocente, nombres d’indéterminables créatures sous-vivantes qu’on ne pourrait décemment jamais qualifier de lumières, ne pouvant apparemment se passer de leur activité primaire de se la mettre au carré, ne saurait s’aplanir, et encore moins s’unifier, ou encore expliquer cette force véridique que filtre l’artiste, et l’écrivain en particulier, se nommant, se dévoilant en tant qu’énergie.
Rien que ceci, cette démonstration des plus simplistes, devrait inonder les mondes connus et ignorés de la clarté de sa signifiance.
Oui écrire est autant un besoin de s’exprimer qu’un coureur se sent obliger de sentir tout son organisme fendre l’air et le laisser lui souffler son invisibilité au visage, qu’une rage à l’incertaine origine doit laisser s’abattre et se fracasser un poing sur une une cible bien plus plus solide et dense que ne le sont les cartilages le constituant, ceci dans l’unique objectif de souffrir et d’accéder , l’espace de quelques secondes, à un niveau supérieur de conscience.
Car l’énergie ne se borne pas à être cinétique, elle est avant tout transcendantale ; fonction, vecteur et nature se mêlant en une insoluble équation dont l’inconnu ne saurait être découvert que lors d’une improbable expiation intra-espèce.
Alors qu’est-ce qu’un écrivain, une sorte de mausolée ésotérique élevé à la gloire du haschisch, tabac et alcool vantant melancolia, schizophrenia et autres Bardamu lancés en plein visage de ses contemporains et n’oubliant pas de se branler à blanc à la seule idée de son innée grandeur et à la fuite de tout ceux ne le comprenant pas, le laissant crever là au milieu de leurs déchets, leurs immondices consuméristes ou, pire, idéologiques, l’aliénant ainsi et le désespérant de n’être pas né autre… ?
Je ne reviendrais pas sur un sujet que d’aucuns ont su mieux gérer, disséquer et digérer que je ne pourrais jamais le faire. Un ami, épris, à mon instar de liberté tutélaire et découvreur de talent(s), a coutume de poser la question suivante pour les besoins de son site internet, vitrine d’une conditionnelle liberté : « Quelle est la place de l’artiste dans la société ? » Que ne lui avais-je répondu Pas ici en tout cas, pas ici. Oui je ne reviendrais pas sur ces prostitués autoproclamés artistes et scandés par d’odieux moutons comme tels, le sujet est trop vaste et, à vrai dire, assez fastidieux à traiter et à assimiler, tout juste décréterais-je que certaines perles sont toujours susceptibles d’être découverte au milieu d’océans de tourbes.
Quelques heures trônant au panthéon des inconsciences, l’écrivain et son inspiration en ombelle, son opinion à l’image de son environnement, palinodie, et son besoin insatiable, intarissable d’écrire, de reproduire, un simple épiphénomène d’une génétique résurgence afin de comprendre tout ce qui est en lui et tout ce qui n’est pas lui ; quiddité et ontologie en tant que prédicats de sa propre existence, le tout sans autorité d’une exponentielle introversion, dangereuse pour le sujet car frôlant par trop souvent avec l’autisme.
Foin de torchère, l’écrivain doit pouvoir informer, rétorquer à tout moment à un élitiste lambda qui lui demanderait : -Mais monsieur G- tout cela est fort beau mais, au juste, quelle est votre fonction ?
-Je suis écrivain, cher inutile, je vais simplement au-delà…
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