Paralloïde, ou la fausse parousie
Il suffit de relier les points.
J’aimerais exclure d’emblée toute référence à une « fin du monde », dont le montage régulier ne fait que mettre en lumière l’impact désespérément efficace des superstitions sur des masses téléguidées.
Je ne suis pas un spécialiste de ces questions, c’est pourquoi mon argumentation est agencée maladroitement, vous voilà prévenus.
Les données permettant de conclure à une probabilité croissante d’une dévastation endogène progressive sont nombreuses, parmi lesquelles:
. dégradation de l’environnement
. finance, monnaie fondée sur la dette
. tensions communautaires liées à la paupérisation
. épuisement des réserves de pétrole
Un nombre plus important d’humains sur la planète engendre une croissance mécanique de leurs conséquences nocives. Plus d’humains, plus de crétins, plus de pouvoirs à concentrer, plus de risques de dévastation. Parmi ces données il en est une qui pourrait bien constituer le fait déclencheur d’une transition dont fera les frais la partie la moins favorisée de la population mondiale, c’est à dire la plupart des bipèdes. Le pétrole, qui a accompagné la croissance vertigineuse de la population mondiale depuis plus d’une centaine d’années, s’il venait à s’épuiser, pourrait tout aussi bien engendrer une chute du nombre de bipèdes. Il semble bien que les réserves s’épuisent. Que conclure en effet d’un état qui, possédant 25% des réserves mondiales dans son sous-sol, se met à prospecter du pétrole off-shore, qui coûte cent fois plus cher à extraire? L’Arabie Saoudite se garde bien d’officialiser ce genre d’information, les têtes au bout d’une pique sont toujours d’un goût douteux.
Regardez autour de vous: combien d’objets, de sachets, de meubles, de joints, sont faits de plastique? Les voitures électriques sont faites de plastique. Et puis, l’électricité n’est pas une énergie, c’en est le produit. Produit par quoi alors?
C’est vrai, nous avons de belles centrales nucléaires réparties en grappes dans tout le monde civilisé. Elles ont nécessité pour leur construction une somme considérable de barils de pétrole. Elles ont une durée de vie limitée, et nécessitent une surveillance, une maintenance permanentes. Alors, imaginons un peu ce qui pourrait se produire si plusieurs de ces centrales, réparties en grappe sur l’axe Amérique-Europe-Asie, venaient à déconner.
Après une série de catastrophes sérieuses, les plus riches des nantis trouveraient refuge dans les zones négligées par l’industrie nucléaire (Afrique Centrale, Océanie, Pacifique sud, Groënland…). Ces territoires, valorisés par l’exode des riches, fermeraient bientôt leurs frontières aux pauvres types restés sur place. On pourrait bien sûr toujours vivre, entre deux zones interdites, avec une espérance de vie déterminée par la radioactivité ambiante. Le gouvernement serait fait à distance, depuis les territoires propres, qu’on appellerait « Cleanland ».
L’épuisement des ressources pétrolières aurait un impact sur la production et la conservation de la nourriture. Pas du jour en lendemain, non, mais nous verrions peu à peu les linéaires des supermarchés changer de physionomie. Les objets manufacturés, comme les réfrigérateurs par exemple, deviendraient des objets de luxe. Les conséquences sociales seraient préoccupantes: isolation régionale du fait de l’abandon des véhicules personnels, tensions communautaires, révoltes localisées… le gouvernement à distance allouerait donc des moyens pour maintenir l’ordre dans les zones sensibles. On ferait appel à l’armée, pour contenir les foules en colère. La loi martiale commencerait dans les banlieues, avant d’investir tous les territoires pollués du « Dirtland ». La technologie qu’on aurait inventée chez Cleanland pour dépolluer localement Dirtland finirait par coûter trop cher.
Les espaces agraires seraient revalorisés, et les heureux possesseurs de semences naturelles considérés comme de nouveaux riches, espérant faire ainsi fortune pour rejoindre Cleanland. La vie deviendrait locale. On regarderait passer les jets en grattant la terre dans la rue. Et comme on ne lancerait plus de satellites pour nous, on finirait par ne plus se servir de nos téléphones portables.
Mais qui s’occuperait de la maintenance des autres centrales nucléaires, pendant ce temps? Imaginons quelques explosions de plus, par ci par là, juste quelques unes, suffisant à rendre l’ensemble de la planète inhabitable. Bien sûr, on aurait prévu ça chez Cleanland, on aurait proposé aux plus riches des plus riches d’acheter un ticket pour Cleancity, la nouvelle ville sous terre et gainée de plomb, avec toutes les infrastructures pensées pour se croire comme à la surface:
. distribution de lumière du soleil par des canaux sécurisés
. production d’énergie renouvelable
. production de nourriture « infinie »
Et les autres, restés là haut? Agglutinés dans les zones sans centrale, et condamnés à une vie courte, primitive.
Je n’irai pas plus loin dans cette projection. Je pense à H.G. Wells, et sa « Time Machine », où il imaginait que l’humanité se scinderait en deux espèces différenciées: les Elois, vivant à la surface, descendants des riches; et les Morlocks, vivant sous terre, descendants des ouvriers condamnés à travailler sous la surface pour ne pas nuire au bien être des riches. Il semble bien que la situation inverse soit plus crédible: les riches sous terre, les autres à la surface.
En attendant?
En « attendant »?
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