Littérature et Jeux de rôles
J’aurais aimé dire que j’étais le premier à mêler littérature et jeux de rôle. C’est hélas loin d’être le cas. Les connaisseurs le savent déjà et il aurait été malhonnête de le faire croire aux néophytes. Les jeux que j’ai aimés ont tous eu cette dimension. L’un d’eux ressort du lot : « Agone »
Ce jeu est tiré d’une trilogie appelée « Les chroniques des crépusculaires » par Mathieu Gaborit. Je ne sais plus si on m’a d’abord fait découvrir les livres ou le jeu ; qu’importe. Ils sont de qualité et se complètent merveilleusement bien. Il y avait bien sûr déjà eu des adapatations de romans comme « Dune » ou « Le seigneur des anneaux » par exemple, ou encore des films comme « Star wars ». On a même eu droit à mon époque à des adaptations de Dragonball Z ou de Sailormoon aussi calamiteuses que les pires épisodes de ces séries. Je ne me souviens pas, en revanche, avoir vu passer une version de « Mon petit poney ». Pour en revenir à Agone, la différence entre ce qui a été fait et ceci est que l’auteur est un rôliste qui a participé à l’élaboration du jeu. Agone le jeu tire, à mon avis, sa qualité de cette implication. Sans cela, je pense que le résultat aurait été un énième Donjons dragons (que je n’ai jamais aimé). Le jeu apporte des éléments aux livres et les livres mettent en lumière certains éléments du jeu. Toutefois, ne croyez pas que l’un est indispensable à l’autre. Nous ne sommes pas ici dans le cas d’un « 2001, l’Odyssée de l’espace » où il faut avoir vu le film et lu le livre pour tout saisir. Agone et les chroniques des crépusculaires sont des œuvres dont on peut profiter isolement.
La société qui a produit Agone, Multisim, publiait un autre trésor qui pour moi était un des chefs-d’œuvre du jeu de rôle : « Nephilim« . Les rôlistes connaissent déjà ce jeu culte (dans le cas le terme n’est pas galvaudé) Pour les néophytes, il s’agit d’un univers où les joueurs interprètent des créatures immortelles ayant influencé l’histoire. Quand j’ai découvert ce jeu, j’ai trouvé qu’il était vraiment inspiré des œuvres d’Umberto Ecco, notamment du magistral « pendule de Foucault ». Je n’étais pas loin puisque ce livre est régulièrement cité comme référence ainsi que d’autres comme « L’ange à la fenêtre de l’occident » de Gustav Meyrinck. Concernant « Le pendule de Foucault », j’en ai parlé au Café des Liches si vous voulez une première approche avant de vous plonger dans sa lecture. Je vous le recommande fortement car cela fait partie de mes sources d’inspiration. Je ne sais pas si c’est quelque chose de général, mais dans mon entourage, Nephilim était considéré comme un jeu élitiste demandant un doctorat en histoire, une thèse en théologie et des masters dans une quinzaine d’autres matières. Effectivement, c’est un jeu exigeant qu’on ne peut limiter à un classique porte-monstre-trésor. Il me semble que des romans ont été écrits dans l’univers de Nephilim mais je n’en suis pas certain. Quoi qu’il en soit, c’est un vrai jeu littéraire et historique. Je n’ai pas eu le loisir de faire jouer beaucoup de partie à mes joueurs du moment, mais j’ai pris un véritable plaisir à écrire des scénarios tellement l’univers est riche et proche de ce que j’aime. J’ai pris un plaisir identique à feuilleter les manuels de jeu pour cette dimension littéraire. Au vu de cette présentation dithyrambique, vous aurez compris que j’aurais voulu créer ce jeu.
Je faisais référence au classique « Donjons et dragons ». Bien que ce soit l’ancêtre de tous, je n’éprouve à son égard que de l’ennui. Pas la peine de m’envoyer des carreaux d’arbalète pour m’infliger des dégâts contondants ; le temps que vous fassiez les calculs je serais déjà entrain de préparer mon petit déjeuner. Toutefois un ami m’a passé les romans écrits dans le cadre des « royaumes oubliés ». Ils étaient divertissants mais sans être transcendants. Toutefois ils me permettent d’aborder la troisième forme littéraire : le roman écrit suite au succès du jeu. Simple marchandising de la part de la société d’édition ou désir réel de poursuivre une aventure humaine par l’auteur ? La question se pose car la réponse indique la qualité de l’œuvre et de la publication.
« Elle était dressée pour tuer » ; c’est ce que j’ai lu dans un roman tiré du jeu « Vampire la mascarade ». Pour remettre dans le contexte, une dame s’habille se regarde dans le miroir. C’est à ce moment-là que j’ai pu lire cette traduction sibylline. Je parle de traduction car la trilogie dont je tire cet extrait a été écrite en anglais. J’ai eu du mal à saisir le sens de cette phrase jusqu’à ce que je réalise que l’auteur d’origine avait certainement écrit « she was dressed to kill », ce qui ne signifie pas « dresser pour tuer » mais « elle était sur son 31 ». Avec tout le respect que je dois à la personne s’étant occupée de cette traduction, c’est une calamité, une erreur qui voudrait une mauvaise note à un collégien. Une erreur est possible, certes. Il me semblait toutefois qu’avant de publier un livre, des relectures et des corrections étaient faites. Voici pour la version française qui dans son ensemble cumulait les petites bourdes de ce type, démontrant ainsi une négligence certaine de la part de l’éditeur. Concernant l’œuvre en elle-même, elle enchainait les poncifs de la pop-culture geek pour ados frustrés. L’intérêt de ceci était de présenter des personnages importants du monde des ténèbres et d’apporter des éléments concernant la fameuse Géhenne. Au final, la maison d’édition aurait pu écrire un simple supplément au jeu plutôt que ces romans n’ayant pas un grand intérêt littéraire. Je suis un peu sévère : ça reste un bon divertissement aussi efficace qu’un blockbuster.
Peut-être que je ne fais pas mieux, c’est à vous de juger. Je reste toutefois sur l’idée que j’ai initiée : des nouvelles comme inspiration pour les scénarios et pour décrire le jeu. En attendant de lire la suite,
Rêvez, faites rêver.
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