Face au choix: format, matrice, déclinaison, fractalisation.

FORMAT

à l’origine,  les limites les plus larges d’un plan. Le choix d’un format constitue déjà le premier acte de composition. Il est même possible de s’arrêter là, sans plus d’intervention qu’un accrochage. Il s’agit toujours d’un volume géométrique, et la plupart du temps d’une forme simple: cube/carré, sphère/cercle, pyramide/triangle, ou de leurs dérivations irrégulières. Une toile est ainsi ce parallélépipède dont le format va déterminer les choix de composition, pour peu que le peintre choisisse de poursuivre au-delà son intention. Un bloc de terre, « informe » ou parallélépipédique, sera ainsi le format d’origine choisi par le sculpteur. Notons que le terme d' »informe » désigne par son flou la formule mathématique trop complexe et singulière d’un format irrégulier, au sens où il s’écarte des formes primaires, bien que les détails de sa composition puissent toujours être ramenés à des agglomérats de cercles, carrés, triangles, si l’on parle d’une forme irrégulière en deux dimensions.

Un sens peut être abstrait du format, dans la mesure où un choix préside à son élection.

Continuons.

DYNAMIQUE MATRICIELLE

Le format constitue la dynamique matricielle de toute intentionnalité ultérieure. Ainsi, en choissisant un carré comme format initial, j’assujettis toute composition ultérieure au format du carré et à sa dynamique matricielle (diagonales, centre, etc.). Toute composition ultérieure sera mise en rapport avec la forme de la matrice, avec les limites de son univers.

DECLINAISONS

Seconde intentionnalité, la défloraison du plan poursuit l’acte de composition. Prenons l’exemple célèbre de la ligne d’horizon. Il s’agit sur un plan carré de tracer un segment horizontal connectant les deux côtés verticaux du plan, et délimitant deux plans dans le plan matriciel. « Ne place jamais la ligne d’horizon au milieu »: n’avez-vous jamais entendu cela? Vous que le terme « jamais » fait frémir, qu’avez-vous ressenti? Une arnaque, peut-être? Jamais au milieu, disent-ils, car une composition symétrique manque de dynamisme, donc de vie, car la vie est déséquilibre, etc. Oui mais… la matrice carrée n’est-elle pas équilibre originel? Et si je choisis de garder pour plus tard l’intentionnalité déséquilibrante? Je peux le faire, je trace donc, non sans insolence, la ligne d’horizon au milieu, parce que je me retrouve avec deux rectangles identiques, à cela près qu’un sens de lecture imposé par la disposition de la matrice en fera appraître un en haut, l’autre en bas. Je choisirai donc au moment voulu la déclinaison m’extirpant de la pure symétrie, car à moins de vouloir faire oeuvre de géométrie, on voudra bien s’en sortir, et créer le déséquilibre. Par exemple: ligne d’horizon au milieu, et segment vertical perpendiculaire aléatoire. Méfions-nous des lois en matière d’art, et tentons surtout d’en comprendre l’émergence.

FRACTALISATION

Nous continuons à décliner la composition secondaire par de nouvelles sections, symétriques ou non, selon notre bon vouloir. Ici s’expriment les détails de nos déséquilibres intérieurs, on choisira par exemple d’ajouter au coeur de chaque plan un cercle aléatoire, au coeur de ce cercle un segment, aux extrémités de ce segment un cercle, etc. L’application d’une formule déterminera la déclinaison fractale de la composition. Un plan dans un plan dans un plan, préservant l’espace du vide à l’infini; c’est ce qu’on appelle « la profondeur », qui peut s’abimer autant que possible dans ses volutes dyonisiaques, portée qu’elle est par l’Apollon stable de la matrice première.

Ici peut s’achever le dessin, et commencer la peinture.

Feuille de route

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