J’errai dans la galerie jusqu’à ce que je le voie lui. L’agneau. Il était assis sur un banc face à un tableau. Le loup. Je m’approchais de lui ostensiblement. Il ne m’entendit pas. Je n’étais plus qu’à quelques centimètres de lui. J’aperçus ses écouteurs. Je tendis l’oreille. Paganini. Le musicien du diable. C’est là un des avantages de notre condition. Notre perception des couleurs est certes amoindrie mais nos sens sont bien plus développés. Notre ouïe notamment. C’est pour mieux nous entendre mon enfant. Il finit par se rendre compte de ma présence et se retourna. Son regard. Je reculais devant son regard ! Ses yeux verts luisaient, scintillaient comme deux phares au sein des brumes. Il ne semblait pas s’être aperçu de mon trouble. Il éteint son baladeur, retira ses écouteurs et me salua. A genoux le malade devant son onguent […] Je l’ai forcé à me regarder. Il fut tétanisé. Oui nous sommes sublimes. Nous sommes ce que chacun de vous avez peur d’être. Nous sommes ce que vous n’osez pas être. Nous sommes vos désirs inavoués. Le diable. Il s’oublie, se relâche et rajoute l’odeur splendide de la peur à celles de son crime. Le jeu était à son paroxysme. Il était temps d’en finir. Mes canines percèrent sa carotide. Son sang éjacula dans ma bouche. Chaud, salé, vivant. Je sentis son cœur battre de plus en plus vite. Je me vis à travers ses yeux. Son corps se refroidissait tandis que le mien se réchauffait à la lumière de son sang de ses émotions. J’entendais ses pensées. Il me montra tout de sa vie. Tu voulais mourir. Je t’ai donné ce que tu souhaitais. Tu étais trop lâche alors tu as donné la mort aux autres. Assassin.