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Delirium

Rageuse est la tombe quand ses amants se glissent hors de son lit ! Ils sont Balmung et Durandal jaillissant de ses cuisses de marbres ! Spectres infects, insensés fiacres de douleurs ! Que ne puis-je un instant assister à l’explosion de vos rancœurs!

L'OMBRE CHROMATIQUE

J’errai dans la galerie jusqu’à ce que je le voie lui. L’agneau. Il était assis sur un banc face à un tableau. Le loup. Je m’approchais de lui ostensiblement. Il ne m’entendit pas. Je n’étais plus qu’à quelques centimètres de lui. J’aperçus ses écouteurs. Je tendis l’oreille. Paganini. Le musicien du diable. C’est là un des avantages de notre condition. Notre perception des couleurs est certes amoindrie mais nos sens sont bien plus développés. Notre ouïe notamment. C’est pour mieux nous entendre mon enfant. Il finit par se rendre compte de ma présence et se retourna. Son regard. Je reculais devant son regard ! Ses yeux verts luisaient, scintillaient comme deux phares au sein des brumes. Il ne semblait pas s’être aperçu de mon trouble. Il éteint son baladeur, retira ses écouteurs et me salua. A genoux le malade devant son onguent […] Je l’ai forcé à me regarder. Il fut tétanisé. Oui nous sommes sublimes. Nous sommes ce que chacun de vous avez peur d’être. Nous sommes ce que vous n’osez pas être. Nous sommes vos désirs inavoués. Le diable. Il s’oublie, se relâche et rajoute l’odeur splendide de la peur à celles de son crime. Le jeu était à son paroxysme. Il était temps d’en finir. Mes canines percèrent sa carotide. Son sang éjacula dans ma bouche. Chaud, salé, vivant. Je sentis son cœur battre de plus en plus vite. Je me vis à travers ses yeux. Son corps se refroidissait tandis que le mien se réchauffait à la lumière de son sang de ses émotions. J’entendais ses pensées. Il me montra tout de sa vie. Tu voulais mourir. Je t’ai donné ce que tu souhaitais. Tu étais trop lâche alors tu as donné la mort aux autres. Assassin.

MON COEUR ENTRE DEUX PAGES

Tu dis à tous que tu as tourné la page. Mais moi je sais car je suis ton seul et unique marque-page. Mon maître, tu es mes yeux mais je n’ai pas besoin de voir. Tu es mes oreilles alors que je n’ai pas besoin d’entendre; mes mains pour moi qui n’ai pas besoin de toucher; mon odorat pour moi qui ne sens pas mais ressens; ma voix sauf que je n’ai pas besoin de gorge pour m’exprimer. Tu es mon guide, et pourtant c’est moi qui te montre le chemin, moi que tu laisses entre les pages d’un livre dont nous connaissons tous deux déjà la fin.

L'ORAGE

Dans un souffle,

la douceur fait place à la douleur,

divine souffrance, exquise ordalie.