Troisième verset : les pieds de l’homme
Nous arrivons alcoolisés chez moi. Son appréhension est à la hauteur de mon excitation tandis que j’enfonce la clé dans la serrure. …
Nous arrivons alcoolisés chez moi. Son appréhension est à la hauteur de mon excitation tandis que j’enfonce la clé dans la serrure. …
La vérité m’est apparue dans un battement d’ailes. Ses plumes m’ont lacéré avec tendresse tandis que les sanglots de mon épouse brisaient cette soudaine harmonie. […]Je me suis rendu compte que j’avais prévu ma mort mais qu’à aucun moment je n’avais prévu que j’allais mourir. La mémoire est sélective.
J’ai signé à mon tour. Il nous a expliqué comment régler notre amende pour tapage nocturne nous fit sortir en nous menaçant de vives représailles « s’il nous reprenait à faire chier les honnêtes gens ». Une fois sortie, le souverain abominable entreprit de pousser de nouveau une clameur à la face du monde quand l’inspecteur passa la tête par la porte et gronda: « qu’est c’qu’j’t’ai dit? » nous sommes donc partis sans demande notre reste, la bouche cousue mais déterminés à détruire ce monde où vraiment plus rien n’allait.
Le bar était vide à présent. Le serveur rangeait sans se soucier de nous. Je ne pouvais partir. Pas maintenant. Les trois pénitents se regardaient en silence, ébahis mais conscients de s’être livrés au-delà même de ce qu’ils avaient secrètement espéré. Hérésie, blasphème, apostasie, existait-il un mot assez fort? Pourtant loin de fuir leurs vérités, ils restèrent ainsi assis complices. De nouveau ils étaient frères. Enfin. Ne souhaitant pas briser de suite cette harmonie retrouvée ils se levèrent lentement, sans un bruit et payèrent leurs innombrables consommations. Avec un sourire triste, le prince du mal laissa trente euros de pourboires. La chape de plomb retomba sur eux. Je compris qu’il savaient qu’en partant l’éternité reprendrait son cours