Jim Dodge, Not Fade Away

Jim Dodge, Not Fade Away

Ed : Carambourakis

En fait, ça a commencé un samedi. Il faisait beau, mais j’avais le moral dans les chaussettes, et même plus bas encore. Et je n’avais rien à lire, alors que j’avais juste envie de me poser au soleil et d’entrer dans un univers qui ne m’appartenait pas. Comme ça m’a soûlée, je me suis arrangée pour passer comme si de rien n’était devant la librairie, et je me suis dit : merde, c’est aussi leur boulot, au pire je demanderai. Je suis entrée, et j’ai commencé à errer dans ce lieu si petit qu’on ne peut pas se perdre. 3 minutes à peine après, la libraire est venue me demander si elle pouvait m’aider. Alors je lui ai expliqué que j’étais en rade, et que j’avais envie d’un truc un peu léger, sachant que j’adore les trucs archi déjantés.

Elle m’a alors sorti sans hésiter Jim Dodge : L’oiseau Canadèche et Not Fade Away.

J’ai payé mon du, et suis allée me poser aux bords de Marne. J’ai entamé l’oiseau Candèche, dont je vous parlerai sans doute une prochaine fois, et j’ai enchaîné sur Not Fade Away. Et après, je suis retournée voir la libraire pour la remercier.

C’est quoi donc l’histoire ?

Ça commence par un mec qui est un vrai looser, et qui se retrouve en galère, mais il rencontre un autre type qui va le sauver, et lui raconter son aventure.

Ce type, George Gastin, il est dépanneur, et il n’est que ça. Mais il l’est parfaitement. Conduire, c’est son talent, ce pour quoi il est fait, ce qu’il fait très bien, ce qu’il rêve de faire. Et à un moment de sa vie, il se spécialise dans le sauvetage des loosers perdus. Autant dire qu’il m’a plu d’emblée. Mais George, c’est aussi un looser, qui dans sa folle jeunesse a fait des trucs pas très légaux, et a passé beaucoup de temps à se défoncer.

Son aventure est teintée de rock’n’roll, et surtout, surtout, de rencontres inattendues.

Si l’histoire n’est pas si travaillée que ça, la galerie de personnages qu’on nous présente vaut franchement le détour. Bon, je dois reconnaître que j’ai été un peu déçue de la fin, mais au bout du bout, ce n’est pas grave, parce que, je crois, ce qui compte finalement, c’est l’aventure, et les rencontres qu’on peut y faire.

S’il est une chose dont je suis sûre, c’est que ce qui me fait tenir, ce sont ces rencontres inattendues qu’on fait au détour d’une vie, quand on s’est perdu et qu’on pensait que ça s’arrêterait là. Les belles rencontres, ce sont avant tout des moments de surprise, et des éclats d’autre. C’est quand on se laisse éclabousser par ces petits trucs, ces petits morceaux que l’autre laisse échapper sans s’en rendre compte. Et qu’on finit par s’apercevoir que grâce à ça, on « se sent possible ».

Not Fade Away, c’est l’histoire de rencontres folles, de personnages incroyablement excentriques, et de connexions invraisemblables. C’est une ballade jonchée d’exceptions… Si je me laissais aller, je vous ferai un petit descriptif de tous ces personnages. Mais je ne vous gâcherai pas le plaisir, et vous laisse y aller si ça vous dit.

Mention spéciale cependant à Double-Dose Johnson, Révérend, non de l’Orpheo – quoiqu’il aurait franchement pu – mais de l’Église de l’Indestructible Lumière de l’Évangile de la Sainte Délivrance – nom qu’il finira par trouver après une joute verbale magnifique, et une maïeutique digne des plus grands éducateurs avec George. Double-Dose a un nom, une allure, et une tenue vestimentaire que je rêve de faire porter au maître de ces lieux, et une tendance absolument sublime à retravailler les textes de l’Évangile. Sa version de Job est on ne peut plus vivante, et donne envie de lire avec ces yeux-là l’intégralité des textes fondateurs.

Il y a bien sûr, le vrai pote, John, toujours là quand on a besoin de lui, à qui on peut demander n’importe quoi, qui ne posera jamais de questions, mais n’est pas en reste sur le bizarreries, Kacy dont le souvenir fera vibrer George du début à la fin, Harriet qui va donner une idée folle à George, Donna qui galère à n’en plus finir, mais dont l’énergie est communicative, Joshua, investi d’une mission pour le moins capitale, Phillip, le « plus grand VRP du monde » qui refourgue une camelote proprement inouïe, et la merveilleuse Madame Nogordam qui m’a donné envie de vieillir.

Évidemment, il y en a plein d’autres, mais je dois reconnaître que Double-Dose est mon préféré, peut-être parce qu’il est noir avec un galurin rose…

Pour le reste, c’est drôle, un peu subversif, plein d’amour, de Rock’n’roll et de drogue. C’est plein de vie, insouciant et pourtant très sérieux, avec une ambiance un peu à la Big Lebowski. Quand on sait que pendant longtemps, ce dernier a été mon idéal masculin, on comprend que j’ai pu aimer rencontrer George.

On se laisse rapidement porter par ce récit qui finit toujours par vous arracher un sourire, voire un fou rire (moi, je le dis haut et fort, le cancer colorectal téléphoné, j’avoue, ça m’a juste flanqué une panique d’endorphine à ne pas vous en remettre).

C’est léger, pas forcément fin, mais ça se mange sans fin malgré tout. C’est tout simplement un petit récit plein de ces petites merveilles que vous recelez et que je cherche constamment à découvrir, parce que sinon… ben tout ça n’aurait aucun intérêt.

Une histoire de rencontres, quoi.

Votre dévouée Vp, qui aime ça, décidément.

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