Parfums d’enfance

Le week-end dernier, lors de retrouvailles avec des amis proches, nous en sommes venus à parler des films de notre jeunesse. L’un d’eux s’est mis à parler du « Trou noir », un film des studio Disney particulièrement sombre et qui avait eu pour vertu de me terroriser, bien que je n’en garde à présent que d’obscurs souvenirs. Ceci m’a fait penser à deux films qui m’ont choqué enfant : « Le prix du danger » et « I comme Icare »

Le premier est un film d’Yves Boisset. Il raconte l’histoire d »une émission de télévision appelée « Le prix du danger ». Les règles sont simples : Une proie et des chasseurs. La proie, un lambda joué ici par Gérard Lanvin doit survivre à tout prix. S’il survit à sa traque dans toute la ville, il empoche un joli pactole. Les chasseurs, d’autres gentils téléspectateur se sont inscrits pour avoir la satisfaction d’assassiner quelqu’un. Vous ne rêvez pas, il s’agit d »une chasse à mort. Ce jeu de mort est commenté par un animateur cyniquement joué par Michel Piccoli qui claironne, encourage et triche devant un public avide de sang. Pourtant, on sait comment peut réagir un animal blessé…

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Ce n’est pas tant la violence de certaines scènes qui m’a choqué que le propos, le sourire des chasseurs interviewés avant le jeu et disant simplement qu’ils étaient curieux de prendre une autre vie, le public s’échauffant et s’excitant, un public si semblable à celui d’un plateau télé standard… cette simplicité dans tout le film comme si tout ce système était normal. L’un meurt ? Tout le monde applaudit. La proie est en mauvaise posture ? On l’encourage. Il se relève ? On veut le mettre au sol. Ce public, ces chers bons citoyens ne sont que des chats jouant avec le cadavre d’une sourie. Se rendent ils seulement compte que ce cadavre avec lequel ils s’amusent est leurs cerveaux, leurs consciences, leurs âmes ? « Vendre du temps de cerveau disponible » n’est en fin de compte pas si nouveau. Lorsque j’ai vu débarquer en France « Loft Story », j’ai immédiatement repensé à ce film. A chaque fois que j »apprends les nouvelles dérives de ces « télé-réalités », je repense à ce film…

Le second film, d’Henri Verneuil, est sorti l’année de ma naissance (deux évènements majeurs de l’histoire). Encore un polar d »anticipation. Cette fois, il s’agit d’une enquête suite à l’assassinant d’un président lors de sa parade. Son assassin, un sniper solitaire mourra à son tour. On conclura à un acte isolé. ça ressemble à la mort de Kennedy ? Normal. La différence est qu’un procureur joué par Yves Montand décide de reprendre l’enquête. Il se retrouve confronté aux méandres du pouvoir jusqu’à ce qu’il découvre la vérité d’Icare…

I comme Icare

Une mention méritant d’être citée : sans le savoir, à travers ce film, l’enfant que j’étais avait découvert pour la première fois l’expérience de Milgram. Là aussi, j’ai été marqué part la facilité dont les choses se passent ; comme il est aisé de se soumettre à une autorité et accomplir tout et n’importe quoi. Étrangement, dans mes souvenir c’était le pape qui était assassiné. J’imagine que mon jeune esprit avait mélangé les images du film avec celle de l’attentat contre Jean-Paul II, substituant Lee Harvey Oswald (appelé dans le film Daslow) à Ali Agça.

J’ai surement du découvrir ces deux films en regardant les dossiers de l’écran (dont la musique était déjà effrayante en soi) mais de mémoire, je n’en ai pas fait de cauchemar comme lorsque j’ai vu le clip de Thriller pour la première fois. Toutefois, les frayeurs de l’époque sont restées. J’ai grandi et de l’univers de Martine et Oui-Oui je suis passé aux livres d’histoires. Dans ces livres j’ai et je retrouve ce qui m’effrayait tant dans ces deux films d’enfance : C’est facile, c’est si facile de basculer d’un instant à l’autre, de justifier ces actes, même les plus honteux. Il est facile de succomber, ceux qui résistent sont écrasés. C’est si facile… Est-ce cela la fameuse banalité du mal ?

Alors vous vous demandez pourquoi ce titre « Parfums d’enfance » ? (si, si, vous vous le demandez) C’est une référence à une mini série d’un des Héros les plus populaires, Spider-Man. Lui et deux autres personnages importants se retrouvent confrontés à leurs douleurs, leur passé : notre tisseur de toile favori qui est orphelin, un autre qui vivait seul avec un père violent et psychotique et le dernier ayant subi des attouchements du sien. Cette courte saga s’appelait « Parfums d’enfance » (la nouvelle traduction l’a renommé « L’enfant intérieur »). Je n’aurais pu trouver de meilleurs titres pour ce sujet. Bien que ce sujet soit infiniment plus léger que ce qui est présenté dans la bande dessinée, ce sont aussi ces petits « traumatismes », ces petites images qui nous construisent.

Et vous, quels films ont été pour vous des parfums d’enfance?

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