Sexe, littérature et cuisine : ma sainte trinité

Introduction au sexe, à la littérature et à la cuisine :

un bien étrange triptyque dont chaque aspect obéit pourtant aux mêmes règles. Bien que cette trinité me soit personnelle, ses fondements sont pour moi tels des impératifs catégoriques à la fois cause et raison de ma vie. Quels point communs peut-on trouver ? Permettez une précision avant que mon esprit pervers ne développe : si je me concentre sur la littérature, ce domaine peut aisément être étendu à toute forme d’art. Ceci dit, passons à ce qui lie ces trois sciences. Il s’agit tout d’abord de domaines érotiques, non pas dans la définition libidineuse mais comme vecteur de l’altérité. Sans l’autre pour partager, le cuisinier, l’écrivain, l’amant ne fait pas plus de bruit que l’arbre qui tombe seul dans la forêt.

Arcimboldo
Arcimboldo

Rester sur sa faim.

S’il y a bien une expression et une émotion que je déteste, c’est bien « rester sur sa faim ». Si vous êtes comme moi un peu gourmand, il vous est sûrement déjà arrivé de vous rendre à une invitation amicale à déjeuner. Souvent il arrive que l’hôte dise qu’il s’occupe de la nourriture et que vous n’avez qu’à venir avec un bouteille. La ceinture prête à être desserrée et les babines retroussées par le désir, vous êtes avides de faire bonne chère en bonne compagnie. La soirée est plaisante mais, horreur, en guise de repas vous voyez deux pizzas. Très bien dirais-je, d’autant plus que la pizza a toujours été mon plat favori, mais le décompte fait, vous êtes une dizaine de convives pour vous partager ce festin. Poliment vous festoyez et mâchez lentement votre maigre pitance afin de prolonge un plaisir que vous savez d’avance trop fugace. Il en va de même pour la littérature lorsqu’on sent le potentiel d’un œuvre mais que l’auteur a trop retenu sa plume. Il vous à coup sur comme à tous déjà arrivé de vous dire « c’est bien ou ça aurait pu être bien mais… » Quand au sexe : est-il agréable que tout se termine avant que vous n’ayez commencé ?

Tous trois demandent une réelle dévotion, un désir d’autrui. Chaque mot, chaque plat, chaque caresse prend tout son sens dans l’âme qu’on y insuffle, cette âme que l’on offre en cadeau. Il est possible de pratiquer seul bien évidemment, de faire les choses simplement pour soi. Il n’y a rien de mal ni de malsain à ceci. L’onanisme sous ces variantes est source de plaisir mais les humains se définissent entre autre par le besoin d’altérité. partager un bon repas est autant un plaisir qu’une nécessité. Les rires et les engueulades sont les meilleurs assaisonnements. Quand on écrit quelque soit le medium, c’est pour être lu, pour être en contact avec autrui. Il en va de même pour la communion des corps. En parlant de communion je fais mon révérend mais c’est bien de cela dont il s’agit : communier avec la ou les personnes à qui on offre sa création. Cette fusion spirituelle et/ou charnelle demande de se mettre à nu. Je parlais plus haut de la retenue de la plume : de l’audace que diable ! Peut-on être avec quand on cache une partie de soi ? Un plat sans saveur, une page sans âme, un nuit sans passion, aucune tendresse ni générosité dans ces partages mitigés..

Il s'agit d'une pizza maison raclettes/lardon (un cauchemar pour un diététicien) Une vielle habitude que j'expose plus bas : je tiens à tout préparer moi-même : la pâte, la sauce. Soit je la fais entièrement, soit je l'achète. Je n'accepte pas l'entre-deux. J'insiste sur le fait qu'une bonne sauce tomate doit contenir beaucoup d'ail.
Il s’agit d’une pizza maison raclettes/lardon (un cauchemar pour un diététicien) Une vielle habitude que j’expose plus bas : je tiens à tout préparer moi-même : la pâte, la sauce. Soit je la fais entièrement, soit je l’achète. Je n’accepte pas l’entre-deux. J’insiste sur le fait qu’une bonne sauce tomate doit contenir beaucoup d’ail.
Pour la petite histoire, c’est ma mère, togolaise, qui m’a appris à faire la pizza. Celle qui lui a appris est une amie alsacienne marié à un italien qui ne sait pas faire la pizza. En retour, ma mère lui a appris à faire la choucroute.

Avale-moi.

Non, bande de pervers, le titre de ce chapitre n’est pas ce à quoi vous pensez ; du moins ce n’est pas uniquement ça. Afin de vous faire redescendre sur terre je vais employer un terme céleste : transsubstantiation. Ne me faites pas répéter, ce mot est déjà suffisamment compliqué à écrire. Dans chaque thème figurant au menu de cet article, l’abandon de soi est-ce qui recommandé. De cette manière, c’est une part de vous que vous léguez. Il y a quelque chose de l’ordre du cannibalisme lorsqu’une personne aime ce que vous faites : l’œuvre est une partie de vous et vous êtes une partie de l’œuvre pour peu que vous vous soyez livré dans cette création. Lorsque vous comprenez que votre bon petit plat, votre poème ou vos baisers n’ont pas comblé la personne que vous souhaitiez émouvoir, quelle horrible sensation. Déception au mieux, sensation d’être rejeté au pire. « La partie est égale au tout ». J’ai fait plusieurs fois référence à ce concept, notamment dans le triptyque « Kimaera Universalis« . Si une partie du plat est moi, alors je suis le plat. Si l’autre n’aime pas le repas surgelé que vous avez réchauffé, le livre acheté au hasard à la dernière minute ou que votre partenaire du moment n’est qu’une consommable, qu’importe. Il n’y a rien de vous. Pour peu que vous vous soyez un minimum investi…

Revenons à la transsubstantiation. Résumons ce concept religieux par l’exemple de l’eucharistie. À la messe, les catholiques communient avec le pain et le vin (non, il n’y a pas de Boursin) L’Ostie représente le corps du Christ et le vin son sang. Comment diable Jésus peut-il tenir dans un petit bout de pain non-levé insipide ? Et bien c’est cela la transsubstantiation, une transformation d’un état à un autre. Je dirais pour faire plus simple, que la foi immatérielle devient matière. C’est-ce que fait le cuisinier, l’écrivain, le partenaire : il matérialise son être par sa création. Nous en revenons ainsi au principe de la communion. Pour illustrer ceci, je vais citer un film : « Shaolin soccer » (vous ne vous y attendiez pas à celle-là) Dans une scène hautement dramatique, le jeune héros mange un petit pain de sa dulcinée. D’habitude ils sont parfaits ; cette fois ils sont trop salés. Il ressent les larmes de la jeune fille dont il a brisé le cœur. Ce moment plein d’emphase est pourtant une réalité. Ce que nous faisons est influencé par nos humeurs. Quand je suis énervé, mes plats sont plein de colère et d’amertume, je le ressens tout de suite et ceux qui le mangent le perçoivent aussi. En lisant mes nouvelles, vous devinez aisément dans quels états je me trouvais. Par exemple le poème « l’Orage » est le premier que j’ai écrit à mon conjoint il y a maintenant plus de cinq ans tandis que j’écoutais en boucle « Lovesong » de The Cure. Foutez-vous de ma gueule… On se fait une petite pause musicale pour digérer ?

« Onanirisme » était dans une période de fureur où j’avais besoin de me retrouver. Avec « À mes pairs » je luttais contre mes démons etc. Quelque soit le domaine, on ne peut jamais triché totalement. Simuler est une chose, mais on ne peut se mentir et on ne peut mentir éternellement. On peut suivre une recette à la lettre mais la rater à cause des émotions dont on a imprégné les plats. L’écriture peut obéir à des routines, surtout pour les poètes amateurs d’alexandrins ; mais combien d’odes ne sont pas plus valables que de pales brouillons ? Concernant le sexe, il n’y a pas que les femmes qui simulent. Le phénomène masculin de dilatation des corps et d’éruption finales ne sont que des processus biologiques. Nul besoin de s’appeler Meg Ryan.

Alchimie des sens.

Huile pimentée maison
Cela faisait longtemps que je n’avais pas préparé d’huile pimentée. Trop longtemps manifestement car bien qu’elle ne date que de quelques jours, comme on dit si bien, elle arrache. En toute chose il faut savoir doser convenablement au risque que l’excès nous empêche de ressentir.

Être généreux c’est bien, mais attention toutefois à ne pas laisser le dionysiaque par trop submerger l’apollinien. J’y faisais référence dans mon dossier sur les geeks. La bonne volonté et la passion sont une chose, mais il ne faut pas s’en contenter. L’art a besoin de structure, la cuisine a besoin de recettes, le sexe a besoin d’écoute. Sur ce dernier point, si on met de côté le sublime Kamasutra, les manuels de sexologie, la pitoyable éducation sexuelle à l’école (du moins à mon époque) et les calamiteuses unes des magazines, le meilleur livre de recette est la communication sans complexe. Pour en revenir à la trinité, le premier guide est généralement l’écoute permettant de connaître le monde. S’inspirer du monde permet d’expirer avec beauté. Ha ! La petite mort ! un terme délicieux pour décrire l’orgasme. Nous passons des heures en cuisine pour être savouré en quelques bouchées ; nous écrivons pour que nos pages soient dévorées avec gourmandise. Avec patience et minutie nous mêlons les ingrédients ; mais ces ingrédients il faut les reconnaître, il faut être curieux du monde. Il faut aussi et surtout être curieux de soi. Sapere Aude, Ergo cogito sum, connais-toi toi-même etc. Un cuisinier doit savoir les appétences de son palais s’il veut le faire découvrir à d’autre dans les meilleurs conditions. Connaître sa plume, connaître son corps, connaître son palais car ce sont les premiers ingrédients.   Chacun prépare selon ce qu’il est et qui il est. Prenons une vinaigrette basique : huile et vinagire. Selon les personnes vous n’aurez jamais deux fois la même chose. Il y aura toujours ce léger décalage dans le dosage et dans l’émulsion qui fera de chacune la marque de son auteur. Il en va de même pour l’écriture. Nous employons les mêmes mots mais nous leurs donnons des musicalités différentes en jouant avec eux. Est-il besoin de s’étendre sur cet instrument de musique merveilleux qu’est le corps ? Dans tous les domaines d’activité on peut prendre la cuisine comme comparatif. Même le monde d’internet s’en inspire. Tout n’est qu’une question de dosage.

Il y a un certain temps j’écoutais d’une oreille inattentive une interview de Daniel Picouly. Il a dit une chose qui m’a interpelé : il parlait de la notion de lièvre dans le sport. Il faisait une comparaison audacieuse entre le lièvre qui incite le coureur à se dépasser et ce qu’il aimait en littérature. Je vais essayer de reprendre au mieux ses propos. Un bon lièvre est celui qui se met devant le coureur à une distance parfaite. Il est suffisamment loin pour qu’on ait envie de le rattraper sans se dire qu’on va rapidement être largué. On l’admire et on veut le rejoindre. Un mauvais lièvre c’est celui qui est si proche qu’on le rattrape facilement ou qui se met si loin qu’on abandonne toute idée d’arriver à son niveau tant on est largué. Pour lui, il en va de même en écriture. Les auteurs qu’il aime sont des bons lièvres qu’il admire et qu’il a envie de rattraper.

La kénose.

J’avais envie de faire des ramen, ce plat typiquement japonais. Il s’agit de nouilles avec une soupe pour résumer vite et mal. J’ai trouvé la recette ici : http://www.hyjoo.com/sujet-57717.html
Comme à chaque fois que je prépare, j’ai un peu modifié la recette. Au début, quand adolescent je commençais à me mettre aux fourneaux, je respectais les doses au gramme prêt. Rapidement, à force de découvrir mon palais et les ingrédients, je me suis permis de n’en faire qu’à ma guise. Attention toutefois à la pâtisserie : il s’agit d’un domaine qui ne supporte pas l’approximation. C’est peut-être pour ça que j’en fais peu. C’est peut-être aussi pour ça que je ne me relance pas dans l’écriture d’un roman.

Si on reste sur cette thématique, se connaître permet d’être un bon lièvre. (bien que pour l’un des trois domaines ce terme est assez malheureux) En plus de l’équilibre obligatoire entre apollinien et le dionysiaque, il me semble important d’être dans un principe de kénose. Avant que vous ne m’insultiez en me traitant de mauvais lièvre à l’évocation de ce terme (et tant qu’à faire, je préférerais encore être qualifié de chaud lapin) , je vais m’étendre un peu sur le principe de kénose, ne paniquez pas. Je vous préviens, c’est encore un terme théologique. C’est en gros ce qui définit la façon dont le grand patron est devenu fils de charpentier pour vivre parmi les hommes. Il s’agit de se débarrasser de ses oripeaux divins pour comprendre les joies et les souffrances des hommes. Pour faire simple, c’est-ce mettre à leur niveau. Pourquoi est-ce que j’en parle ici, si ce n’est pour étale ma fausse culture tel un matinal à l’œil lourd étalant sa confiture sur une tartine de plain rassis en en foutant partout avant de la faire tomber du mauvais coté ? Je parlais plus haut du plaisir égoïste. Une critique qui revenait souvent de mes textes portait sur le côté trop compliqué, trop pompeux, trop de vocabulaire qui noie. C’est vrai ; ou plutôt c’était vrai. Il y a quelques années je n’écrivais pas pour transmettre. Il ne s’agissait que de catharsis autodestructrices. Pour être moins dramatique et rester sur l’imagerie culinaire : j’ai tendance à manger très (trop) salé. Si je préparais en ne tenant compte que de mes goûts personnels, mes convives auraient soufferts d’une soif inextinguible. Nos goûts ne sont pas ceux des autres. Il faut parfois savoir en tenir compte sans dénaturer sa nature.  Ce qui permet ceci ? Par la prostitution de soi mais l’apollinien fixant un cadre.

Ce qui m’a ouvert c’est la nouvelle « Par delà le songe« . Ce texte était une commande. Je l’ai écrit pour un couple d’amis pour leur mariage. La mère de la mariée m’avait demandé d’écrire un conte sur leur histoire. Je l’ai fait et écrire pour eux et par amour pour eux m’a libéré. Légère digression car je suis un peu taquin : dans ce conte dont ce couple est le héros et où d’autres amis apparaissent, saurez-vous deviner quel personnage je suis ? Inutile de dire que je n’ai pas lu le texte pendant le banquet. Il était trop long et nous étions trop avinés. Pour en revenir aux travers que j’ai cités, ils sont toujours là, mais je prends les choses avec plus de légèreté ce qui je pense (j’espère) se ressent y compris dans mes écrits plus sombres. En acceptant de faire partie du monde, j’écris autant pour moi que pour lui sans que ce ne soit une finalité. Je n’ai pas de désir de simplifier mon discours et je ne le ferai pas. C’est ma marque de fabrique et ce que j’aime faire. Accepter d’exister au sens étymologique (être dans l’autre) fait que mon écriture est le prolongement de mon évolution. Auparavant, ma cuisine en tant que lieu physique était inaccessible et gare à celui ou celle qui voulait y mettre un pas. À présent j’apprécie de cuisiner avec d’autres

La générosité récompensée.

Quelque soit la branche de cette trinité, on finit par recevoir plus que ce qu’on a offert. Avoir la joie de voir ses convives arborant un large sourire et être bien après un bon repas, lire un inconnu vous dire qu’il a aimé ce que vous avez écrit, votre partenaire qui se pelotonne dans vos bras… Ce plaisir est la récompense immédiate de vos efforts et de vos attentions. Sur le long terme, la reconnaissance vient du souvenir qu’on a laissé.

Il y a peu, j’ai eu l’heureuse surprise d’être retrouvé par un ami de fac sur un célèbre réseau social. Il m’a demandé après quelques minutes « si je faisais toujours aussi bien la cuisine ». Après plus de dix ans, cela m’a fait plaisir qu’il s’en rappelle et aussi qu’il ne soit pas rancunier. Je l’avais invité à une soirée où on m’avait demandé si je voulais bien faire la cuisine. Ayant prévu trois entrées et autant de plats de résistance et de desserts, j’ai commencé à préparer l’après-midi pour le soir. Il était venu plus tôt. Vous allez comprendre pourquoi je dis qu’il n’est pas rancunier. À la question « je peux aider ? » je lui ai répondu ainsi qu’à notre hôte : « vous voyez le kilo de raisins ? Vous coupez chaque raisin en deux et vous enlevez les pépins ». Ils se sont exécutés docilement et consciencieusement. Il faut dire que je pouvais être un abominable tyran en cuisine. Associez ceci à un extrémisme de l’époque où je refusais d’acheter des choses toutes faites. Je n’achetais pas un bouillon de poule ou un fond de veau. Je le faisais. On n’entrait pas dans la cuisine sans mon autorisation même si ce n’était pas chez moi. Ce côté extrémiste a aussi joué un rôle dans ma façon d’écrire et le regard que je portais sur mes propres mots. J’idolâtrais Baudelaire, Hugo, Lautréamont, Shakespeare ; si je n’arrivais pas à être aussi talentueux qu’eux, alors c’est que je n’étais qu’un escroc qui ne mérite pas d’être lu ou publié. Concernant le troisième aspect de ma trinité… Je dirais simplement que la chasse m’amusait avec autant d’intensité que la lassitude éprouvée une fois la proie acquise.

ramen, porc au caramel, salade de choux chinois
Le résultat final d’une matinée au fourneaux : ramen au porc, porc au caramel, salade de choux chinois.

Dis-moi que ce tu manges, ce que tu écris, avec qui tu couches, et je te dirai qui tu es.

J’ai demandé une fois à mon conjoint comment il définirait ma cuisine. Il m’a répondu qu’elle était comme la ville où on habite : dionysiaque. La joie et l’espoir de cette ville résident dans sa pluralité, ce qui est visible lorsqu’on fait les courses. Vous aimez la cuisine dite du monde ? Venez à Saint-Denis ! Avoir accès aux aliments de chaque partie du globe permet des mélanges audacieux. Ce que je cuisine est aussi ce que j’aime et ce que je suis. Je suis issu du mélange des cultures : Togo, Bénin, France, pour les pays de nationalité, de naissance et de vie ; Japon pour l’inspiration, grecque pour la culture ; américaine pour les modes de consommation mais aussi pour la pop-culture, algérienne, marocaine, vietnamienne pour les rencontres etc, etc, etc. Nous le sommes tous finalement ; je le revendique. C’est ma vision du monde et ce qui me permet d’écrire sans me restreindre. Personnellement, je me sentirais peut-être limité si ma vision ne se limitait qu’à une seule culture. écrire, créer, c’est ouvrir les portes de la perception. Quand à ma bisexualité, elle me fait aimer les gens et non les genres ou les types physiques.

La cuisine est aussi porteuse de notre passé que ne l’est un roman ou le Kamasuta. C’est ce que montre bien cet excellent blog culinaire où j’ai trouvé en plus d’une recette une page d’histoire  .

Il y a beaucoup de choses que j’ai envie de faire. Etant un éternel indécis, soit je fais tout soit je ne fais rien. Là j’ai décidé de tout faire : une brandade de morue et un tajine d’agneau. Pour la brandade, j’ai toujours détesté ça. Ce n’est que depuis quelques mois que j’en mange.

Ces trois éléments sont des composants essentiels de ma vie, ils sont ce qui me fait dire que je suis en vie. Goûtez une tomate, pas celle formatée des supermarchés mais celle du petit producteur. Sentez-la exploser dans votre bouche. Juste une tomate dont les saveurs vous investissent et vous signifie la grandeur de ce monde. Trofimov Disait dans « la cerisaie » de Tchekov :

« Et la cerise alors, elle était douce, sucrée, juteuse parfumée ».

Il s’en rappelait bien ce pauvre bougre de ces senteurs oubliées. J’ai aimé déclamé ces mots.

On conclut ?

Cette sainte trinité est une odeur de sainteté à chaque fois nouvelle mais à chaque fois retrouvée. Pour ceux qui douteraient de l’intérêt de tout ceci, Je trouve que que les trois sont complémentaires. Ne recommande t-on pas de passer par le ventre pour séduire ? J’ai toujours considéré que les préliminaires débutaient réellement pendant le repas. Ne manger qu’une salade verte a toujours été le moyen de me faire fuir. Comment parvenir à l’ultime branche du triptyque si un esprit éclairé n’est pas là pour animer les corps ?   En conclusion, ce qui résume le tout est cet extrait du cantique des cantiques :

« Je suis la rose de Saron et le lis des vallées.

Comme le lis au milieu des épines,

telle est ma bien-aimée parmi les jeunes filles. Comme le pommier au milieu des arbres de la forêt,

tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes;

j’ai désiré son ombrage, et m’y suis assise,

et son fruit a été doux à mon palais.

Il m’a mené dans la salle du festin,

et l’étendard qu’il lève sur moi, porte: AMOUR. »

Bon appétit.

Bonne lecture.

Bonne nuit.

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