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Nouvelles

Amours cannelle

Je suis alors littéralement envahi par une senteur de cannelle tandis que je feuillette les pages. Je suis transporté par cette odeur, mon cœur bat la chamade tandis que mes yeux s’humidifient involontairement. Je suffoque et me retrouve obligé de m’allonger sur la banquette puante du bus pour reprendre mes esprits.

Ce n’est pas un jour de pluie

Je lui demande ce qui ne va pas. Elle prend ma main et la pose sur son sein. Cela fait des semaines qu’elle refuse que je la touche. Je suis surpris et me laisse guider comme un enfant. Je sens une boule. Je comprends. Nos yeux se croisent. Elle est désespérée. Et moi je la gifle ! Je l’attrape trop fort par les bras et je la secoue en lui hurlant dessus ! Pourquoi ne m’a-t-elle rien dit ?!

Croquer la vie à pleines dents

Cette nouvelle fait partie du recueil « Dentelles ». Celui-ci n’étant plus disponible, et avec l’accord de l’éditrice Carine Roucan, je publie ici ma …

LA VIE DE STAN SMITH

Tu n’as plus la force de hurler pour qu’ils viennent te sauver. Tu avances, péniblement, mais tu avances pour la première fois de ta vie. Ils sont tout près, la vie est si proche, leur brasero de fortune est ton phare. D’un coup tu te sens projeté contre un mur et atterris dans les poubelles. la douleur te foudroie. Ils sont si proche, ta vie est là à portée de doigts… Hey?! Qui a dit que la vie était juste? À moins que ce ne soit ça la justice… tu es soulevé et vois enfin le visage de ton traqueur. Les larmes et la morve s’écoulent dans ta gorge tandis que la gerbe te monte au lèvres. Ça descend d’un côté, ça monte de l’autre, ça bloque au milieu; c’est toute ta vie

SATAN'S BLUES

J’ai signé à mon tour. Il nous a expliqué comment régler notre amende pour tapage nocturne nous fit sortir en nous menaçant de vives représailles « s’il nous reprenait à faire chier les honnêtes gens ». Une fois sortie, le souverain abominable entreprit de pousser de nouveau une clameur à la face du monde quand l’inspecteur passa la tête par la porte et gronda: « qu’est c’qu’j’t’ai dit? » nous sommes donc partis sans demande notre reste, la bouche cousue mais déterminés à détruire ce monde où vraiment plus rien n’allait.

APOCALYPSE

Le bar était vide à présent. Le serveur rangeait sans se soucier de nous. Je ne pouvais partir. Pas maintenant. Les trois pénitents se regardaient en silence, ébahis mais conscients de s’être livrés au-delà même de ce qu’ils avaient secrètement espéré. Hérésie, blasphème, apostasie, existait-il un mot assez fort? Pourtant loin de fuir leurs vérités, ils restèrent ainsi assis complices. De nouveau ils étaient frères. Enfin. Ne souhaitant pas briser de suite cette harmonie retrouvée ils se levèrent lentement, sans un bruit et payèrent leurs innombrables consommations. Avec un sourire triste, le prince du mal laissa trente euros de pourboires. La chape de plomb retomba sur eux. Je compris qu’il savaient qu’en partant l’éternité reprendrait son cours

SISYPHE GRAVIT BABEL

Le travail achevé, il la dégagea avec courtoisie pour se lever. Il se dirigea vers la salle de bain et laissa couler l’eau sur son corps. Il voulait se purifier. Il ne voyait pas en elle Marie-Madeleine. Jamais cette créature ne pourrait l’être. Ce n’était qu’une misérable petite prostituée loin de la sainte qu’il idolâtrait

LA TEMPÊTE ET LE CIEL

Interrogé par les enfants de l’empereur, il leur apprit qu’une tempête avançait sur le monde, dévastant tout sur son passage, alors même qu’ils se soumettaient à des épreuves indignes. Ils voulaient savoir qui règnerait ?! Alors que celui qui dompte la tempête soit le prochain empereur du ciel. Le cygne poussa son dernier chant, son ultime prophétie. Une symphonie qui fit vibrer les fondations du monde ; un appel au jugement du ciel. Son plumage se ternit, son cou gracile devint de la pierre, son regard infini devint deux perles. Il ne fut plus qu’une statue maintenue au mur de l’enfer par des chaînes de fer et de sang.

L'OMBRE CHROMATIQUE

J’errai dans la galerie jusqu’à ce que je le voie lui. L’agneau. Il était assis sur un banc face à un tableau. Le loup. Je m’approchais de lui ostensiblement. Il ne m’entendit pas. Je n’étais plus qu’à quelques centimètres de lui. J’aperçus ses écouteurs. Je tendis l’oreille. Paganini. Le musicien du diable. C’est là un des avantages de notre condition. Notre perception des couleurs est certes amoindrie mais nos sens sont bien plus développés. Notre ouïe notamment. C’est pour mieux nous entendre mon enfant. Il finit par se rendre compte de ma présence et se retourna. Son regard. Je reculais devant son regard ! Ses yeux verts luisaient, scintillaient comme deux phares au sein des brumes. Il ne semblait pas s’être aperçu de mon trouble. Il éteint son baladeur, retira ses écouteurs et me salua. A genoux le malade devant son onguent […] Je l’ai forcé à me regarder. Il fut tétanisé. Oui nous sommes sublimes. Nous sommes ce que chacun de vous avez peur d’être. Nous sommes ce que vous n’osez pas être. Nous sommes vos désirs inavoués. Le diable. Il s’oublie, se relâche et rajoute l’odeur splendide de la peur à celles de son crime. Le jeu était à son paroxysme. Il était temps d’en finir. Mes canines percèrent sa carotide. Son sang éjacula dans ma bouche. Chaud, salé, vivant. Je sentis son cœur battre de plus en plus vite. Je me vis à travers ses yeux. Son corps se refroidissait tandis que le mien se réchauffait à la lumière de son sang de ses émotions. J’entendais ses pensées. Il me montra tout de sa vie. Tu voulais mourir. Je t’ai donné ce que tu souhaitais. Tu étais trop lâche alors tu as donné la mort aux autres. Assassin.